Nous avons chacun notre propre parcours de vie. Il est directement lié à notre identité, à notre territoire, aux décisions que nous prenons.
Il existe une grande diversité de parcours : le parcours migratoire, par exemple, pour celui ou celle qui quitte sa famille et son pays; ou le parcours de survie, comme celui des oies qui s’envolent vers le sud l’hiver et reviennent au nord l’été.
Choisir un parcours, c’est parfois se libérer: passer de l’enfance à l’âge adulte, quitter le giron familial, larguer les amarres pour se lancer dans l’aventure! Quel qu’il soit, le parcours que l’on emprunte est celui qui donne du sens à notre vie.
Le parcours de Jean Paul est fascinant. Jeune, il part en France; il va de la peinture à la sculpture, touche toutes les techniques, évolue dans plusieurs styles; puis il part à la découverte des mers sur son voilier, le Serica; il visite plusieurs pays, arpente le Grand Nord. Tel un oiseau migrateur, Jean Paul est toujours en train de partir!
Puis, un jour, le parcours se termine. En 1992, Jean Paul apprend le décès de Joan Mitchell, une artiste peintre avec qui il a partagé plus de 20 ans de sa vie. Jean Paul prend alors un ultime envol: dans un élan créatif titanesque, il peint tout d’une traite L’Hommage à Rosa Luxemburg, une œuvre constituée de 30 tableaux, une véritable fresque de sa vie. Par les objets et les animaux dont il dissémine les traces sur la toile, Jean Paul fait surgir des moments du passé, des amis disparus.
Que reste-t-il de nous après le parcours de notre vie? Selon une légende atikamekw, «nous allons là d’où nous venons, c’est-à-dire dans la forêt et l’univers qui l’entoure, Notcimik». Jean Paul aurait sans doute aimé cette vision de la vie après la mort. Jean Paul, qui s’est éteint le 12 mars 2002, dans sa maison de l’Isle-aux-Grues, une île au milieu du fleuve Saint-Laurent, dans la contrée des oies blanches.
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Jean Paul Riopelle